Définie comme l’une des villes centres de l’agglomération, Pully n’est pas que la porte d’entrée de Lausanne. Elle mérite d’avoir un cœur qui symbolise pleinement ses attraits, riche en service de proximités, propice aux promenades et aux rencontres. Après un premier démarrage raté en 2013, la Municipalité a présenté en septembre 2019 la seconde et plaisante mouture de la requalification du centre-ville.
Le centre de la localité est l’objet, depuis plusieurs années, de nombreux questionnements autour de son réaménagement. S’il présente de nombreuses qualités, et en particulier des commerces de proximité à l’âme villageoise, il est souvent jugé comme décousu entre ses différentes parties, peu convivial pour les piétons, avec une priorité trop fortement donnée aux voitures. Il n’est pas, à proprement parler, un centre véritable, mais plutôt une adjonction d’îlots ayant chacun une identité propre mais mal reliés entre eux : la Place de la Gare, le Prieuré, le Vieux Bourg, la Rue de la Poste. Comment lier ces zones entre elles pour augmenter l’attractivité du centre, donner une véritable identité au cœur de Pully, sans rien perdre de leurs atouts respectifs ? C’est là tout l’enjeu du projet de requalification.
Les premières études de la Municipalité, proposées en 2013, avaient suscité la levée de boucliers des commerçants. En cause, la suppression de toutes les places de parc en surface et la mise à sens unique de la Rue de la Poste. C’était faire de cet axe une liaison uniquement traversante, sans possibilité d’arrêt court, qui condamnait inéluctablement les boutiques, restaurants, boulangeries et épiceries à une perte importante de clientèle. Le Tribunal administratif ayant avalisé en 2015 le recours commun des commerçants, les mesures projetées furent abandonnées.
A la suite de ce revers, la Municipalité a décidé, avec raison et prudence, d’associer la population et les parties prenantes du «village» à une réflexion autour de cette zone urbaine sensible, qui cristallise de nombreux enjeux, qu’ils soient émotionnels, commerciaux ou de mobilité. La Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD) et la Haute Ecole du Paysage, d’Ingénierie et d’Architecture de Genève (HEPIA) ont ainsi conduit, pendant deux ans, une démarche participative portant sur le centre et sa périphérie immédiate. Plus de 1400 résident-e-s ont été consulté-e-s, par questionnaire ou lors d’ateliers, pour poser un diagnostic et forger des visions communes. Le projet présenté par la Municipalité s’appuie largement sur les constats établis lors de ces rencontres.
Le projet proposé par la Municipalité en septembre 2019 est séduisant, preuve que l’on fait de l’excellent travail lorsque la population est directement associée aux réflexions urbanistiques. La rue est redonnée aux piétons, avec des trottoirs pavés élargis, favorables à l’installation de terrasses, allant du Prieuré jusqu’à la Place de la Gare. Cet appel à la convivialité et à la flânerie est souligné par une arborisation généreuse qui apporte, pendant les beaux jours, une fraîcheur bienvenue et confère au centre un petit air de campagne. Seule ombre au tableau, le choix d’essences exotiques plutôt qu’indigènes qui, selon les spécialistes de la faune, ne favorisent pas la biodiversité et le nichage des oiseaux de nos régions. C’est un point clairement à revoir. Si la circulation à pied ou à vélo sera privilégiée dans la zone, un trafic à double sens limité à 30 km/h sera maintenu de même que 34 places de parc à courte durée (41 actuellement). 30 places deux roues sont également projetées (14 actuellement).
La limitation de vitesse à 30 km/h provoquera inévitablement un goulet d’étranglement à la fin de l’Avenue C.-F. Ramuz, aux portes du centre. Pour cette raison, il est prévu une mise à double sens de l’Avenue du Tirage. Dans un premier temps, la montée sera autorisée seulement aux lignes TL 47 et 48, puis à tous les véhicules dès la fin des travaux. Ceux circulant en direction de Vevey seront donc, à terme, en mesure de rejoindre directement l’Avenue de Lavaux sans transiter par le cœur de ville. Différentes oppositions émanant des riverain-e-s du Tirage ont été formulées contre cette redirection. Elles pointent l’augmentation de la pollution sonore sur un tronçon dont les valeurs de bruit atteignent déjà la limite supérieure légale et appellent à des mesures de protection plus importantes que celles formulées dans le projet.
Les coûts de cette ambitieuse et élégante requalification se montent à près de 10 millions. Le Conseil communal les ayant avalisés lors de sa séance du 30 septembre 2020, les travaux devraient débuter en octobre 2020, les différentes étapes préparatoires menant à la réalisation du projet ayant été achevées. Ils dureront trois longues années.
Simulations 3D : Hüsler & Associés, architectes paysagistes
La vision portée par ce projet est enthousiasmante et nous semble parfaitement coller à Pully : un village devenu ville, mais qui conserve et défend avec poésie une dimension humaine authentique, propice à un accroissement de la qualité de la vie.
Issu d’une démarche participative inédite qui su faire émerger une vision commune, au plus proche des besoins de la population, nous voyons ce projet comme un investissement prioritaire et ne pouvons qu’espérer que les autres grands dossier de Pully, comme la rénovation du Prieuré, se fondent sur une même approche.
Nous comprenons et nous nous associons aux craintes des résident-e-s du Tirage, relatives à l’accroissement de la pollution sonore sur ce tronçon. Nous demandons à la Municipalité d’examiner des mesures de protection anti-bruit supplémentaires, garantes à long terme du respect de l’ordonnance sur la protection contre le bruit (OPB). Dans le même ordre d’idée, nous suggérons à la Municipalité de conduire ces chantiers de long terme avec une politique de gestion du bruit du chantier, qui intègre les riverain-e-s, sur la base des différentes initiatives durables qui existent en ce domaine. Il serait judicieux que Pully soit exemplaire.
Projet 2017 – Proposition gagnante, «Not two, not one», Faz Architectes (Genève) & Garcés - de Seta - Bonet arquitectes (Barcelone)
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