Le contexte
Le bâtiment administratif du Prieuré nécessite une rénovation pour être mis aux normes. La Municipalité souhaite que ces travaux conduisent à la transformation de la vénérable bâtisse en un Hôtel municipal. Ce projet en gestation depuis 2013 vise à regrouper certains services de l’administration communale, exceptés les services des domaines, gérances et sports ainsi que l’urbanisme et les services industriels situés à la Damataire.
Le projet aux lignes modernistes de Garcia De Seta Bonet et FAZ architectes, choisi au terme d’un concours lancé en 2017, contrevient au règlement du Plan d’Extension Partiel (PEP) Village de Pully qui interdit toute modification esthétique du vieux centre. Il indique notamment que «les façades et les toits des bâtiments sont entretenus, restaurés, adaptés, transformés ou reconstruits selon les contraintes de leur catégorie et les caractéristiques de l’architecture ancienne…».
La Municipalité, pour réaliser ce projet d’architecture contemporaine, n’a donc pas d’autre choix que de mettre à l’enquête un nouveau plan partiel d’affectation qui sort le Prieuré du périmètre de protection du village historique. Cela permettrait, d’une part, de transformer le Prieuré et, d’autre part, de construire un nouveau pôle muséal sur l’emplacement actuel des ruines romaines.
Des préavis qui jouent l’Arlésienne
La Municipalité a, dans un premier temps, tenté de faire passer un nouveau plan d’affectation en toute discrétion en septembre 2019. Elle a retiré son préavis à la dernière minute.
Une année plus tard, en septembre 2020, elle a opté pour un nouveau scénario : faire d’abord accepter aux élus les deux projets de construction, pour les amener logiquement à devoir valider le nouveau plan d’affectation. Par cet ordonnancement des objets, elle évite que l’assemblée ne se questionne sur un acte symbolique important, à savoir le contournement par la Municipalité d’une protection décidée par ses prédécesseurs. Ces préavis, une fois encore, ont été retirés une semaine avant la tenue du Conseil, la Municipalité justifiant ce forfait par la mauvaise santé financière de la Ville.
Quelques questions de fond
Au-delà des aspects budgétaires du projet, des questions de fond doivent selon nous être tranchées de manière participative, avec la consultation de la population, car elles portent en elles des conséquences urbanistiques lourdes pour le vieux village qui est un patrimoine commun. Si la Municipalité actuelle se veut au-dessus des règlements et oblitère une protection historique, pourquoi ne pourrait-il pas en être de même pour les propriétaires privés ? Un bâtiment administratif est-il une raison valable pour une exception ? Si oui, pourquoi ? Quel est alors le sens véritable du PEP de protection du Village de Pully ?