Pascal Kotté : Françoise, pourrais-tu nous raconter tes impressions sur ton parcours professionnel ?
Françoise Deslex : Mes premières années ont été très agréables à Pully. J’ai pu y revenir après avoir postulé comme maîtresse enfantine. L’expérience avec les enfants et les parents a été très formatrice. Lors de mon entrée en politique, mon but était d’améliorer les conditions de la population. Pour moi, il était normal de faire les choses à fond et obtenir un bon résultat. Je ne ressentais pas le besoin de prouver à la gente masculine que je pouvais faire aussi bien qu’eux.
Je ne suis pas ouvertement féministe, ni dans mon travail, ni dans mon parcours politique. Par mon métier, j’ai vu l’évolution de la société. Au début de ma carrière d’enseignante, les papas travaillaient et les mamans restaient à la maison pour élever leurs enfants. A la fin, les mamans, après leurs études, exerçaient un métier et ainsi contribuaient aux revenus familiaux. J’essayais de faire comprendre à ces enfants de 5 ans que le travail à la maison était aussi important que de gagner sa vie pour un salaire. J’ai contribué à ce que les enfants se respectent les uns les autres et reconnaissent le travail de chacun. J’ai toujours soutenu les candidates de tous les partis qui voulaient se lancer dans une activité politique, car cela apportait ce côté féminin et plein de sensibilité que les hommes n’ont pas. Cela contribuait à trouver des solutions qui n’étaient pas évidentes au premier abord. Avec ma vue pratique, j’étudiais d’abord si cela impactait les commerces ou les arbres, par exemple, et en général, les hommes ne voyaient pas que certains projets pouvaient nuire aux habitants ou à la végétation.
J’intervenais beaucoup pour les côtés pratiques. Les messieurs voulaient supprimer les places de parc à côté du marché, sans prendre en compte que les dames qui faisaient leurs courses avaient de lourds paniers à porter jusqu’à leur véhicule. Ce sont ces petits faits pratiques qui distinguent le cerveau masculin du féminin.
Partout dans le monde, il me semble que si plus de femmes gouvernaient, il y aurait moins de conflits ! Lors des tirs intercommunaux, il y avait le concours des dames et des messieurs. J’y ai ainsi participé « contre » Mme Jaggi de Lausanne et Mme Huguenin de Renens, toutes deux syndiques de leur ville.
Beaucoup de mes collègues municipaux étaient étonnés que j’assume la responsabilité de la direction des travaux, car les femmes politiques recevaient plutôt les écoles ou le social, des secteurs considérés comme typiquement féminins. Garder le cachet de Pully et son bien-être faisait partie de mes buts politiques.
Après ces belles années professionnelles, j’ai pris ma retraite à 59 ans et quelques temps après, mon mari aussi. Nous nous sommes réparti les tâches ménagères car pour moi, je trouve normal de tout partager, cela unit le couple.
Je suis restée toujours active pour l’UP car j’ai vu naître ce groupement et j’y suis restée fidèle. En fait, c’est le seul parti qui va préserver Pully, car les militants ont un attachement très profond à leur commune. Je souhaite que d’autres femmes puissent vivre d’aussi belles expériences et faire évoluer les mentalités.
Pascal Kotté : Merci à toi ton engagement est très inspirant.